1- Les Français ignorent
les fondamentaux de l’économie
2- L’élite même a longtemps ignoré le nouveau paradigme
économique de la troisième révolution industrielle de 1980. Quelle économie
sommes nous en train de quitter ? Dans quelle économie entrons-nous ? Les dirigeants n’ont pas su répondre à cette
question.
3- Face aux métamorphoses du
monde, les économistes semblent impuissants.Ils doivent changer
radicalement leurs représentations théoriques, anciennes et inefficaces.
1- Les Français ignorent les fondamentaux de l’économie
« La méconnaissance en économie est une menace pour la démocratie » disait Michel Rocard en 2012.
Les populismes progressent en Europe, aux Etats-Unis. Un même mal ronge
les démocraties les mieux installées.
De jeunes dirigeants incultes face aux leçons de l’histoire des
extrémismes, ignorant des principes fondamentaux des sciences économiques,
renouent avec un langage d’exclusion et font croire que les tensions des temps
présents seront résolues en favorisant le nationalisme et en désignant des boucs
émissaires.
L'inculture économique des
Français provoque une faille démocratique.
L'ignorance des Français en économie ouvre la voie aux discours les
plus fantaisistes.
Cela nuit à la sérénité des débats en particulier en ce qui concerne notre politique économique et notre politique étrangère.
Les Français sont t’ils tous égaux face aux choix économiques
qui engagent leur avenir ? Dans quelle mesure sont t’ils capables de
s’approprier les info rmations
disponibles et de comprendre les implications de leurs choix ?
Une étude réalisée par Opinionway en mars 2018 pour Le Cercle Jean Baptiste Say, indiquait
que certains Français s'intéressaient à l'économie, mais regrettaient de
n'avoir pas les connaissances nécessaires pour comprendre les mécanismes et les
enjeux.
Pourtant cela ne les empêchent pas d’avoir des à priori en
fait non fondés.
Ainsi, l'étude démontrait que nos concitoyens surestiment la croissance
des écarts de revenu en France au cours des dix dernières années et sont très
nombreux à sous-estimer la part de l'impôt sur le revenu payé par les plus
riches.
Il faut aller plus loin afin de
mieux comprendre le rapport des Français avec l'économie et mesurer les
conséquences que cette ignorance, ces lacunes, ces idées reçues peuvent avoir
sur les choix démocratiques.
Il apparaît en premier lieu que 57 % des Français
(Sondage Viavoice, mai 2018) ne savent pas, même de manière approximative,
quelle est la proportion réelle de ménages en France qui paye l'impôt sur le
revenu - impôt pourtant hautement symbolique, qui donne régulièrement lieu à
des débats enflammés. Dans un pays où le consentement à l'impôt ne cesse de se
détériorer, une telle donnée ne peut qu'inquiéter, car cette méconnaissance
ouvre la voie à tous les fantasmes et rend nos concitoyens vulnérables à
toutes les « fake news ».
Dans un registre plus international, il apparaît que plus de
la moitié des Français juge que la Chine et le Qatar sont les deux
investisseurs principaux en France.
En réalité, en 2017, nos deux plus gros investisseurs
étrangers étaient l'Allemagne et les Etats-Unis.
Or les bonnes réponses au sujet de ces deux pays ne
recueillent que 25 et 21 % de bonnes réponses respectivement. Nous
mesurons là l'ampleur des craintes, face à des puissances montantes qui donnent
l’image d'acheteurs de notre pays à la découpe.
Ces idées fausses et
reçues ouvrent grand la voie aux discours les plus fantaisistes et
nuisent à la sérénité des débats sur notre politique économique et étrangère.
39 %
de nos concitoyens admettent connaître et comprendre faiblement' l'économie.
Les Français sont d'ailleurs nombreux à avoir le sentiment de
ne pas avoir les connaissances nécessaires dans le domaine économique.
55 % jugent avoir un niveau de compréhension et de
connaissance « moyen », et 28 % « faible », s'agissant
des questions économiques traitées dans l'actualité.
46 % estiment leur connaissance et leur compréhension de
l'économie dans le monde de l'entreprise « moyenne », et 38 %
« faible ».
46 % connaissent et comprennent moyennement l'économie
dans le cadre des programmes politiques, et 39 % « faiblement ».
Sans compter ceux qui croient savoir.
On mesure ici l'ampleur de la frustration qui doit être celle
des téléspectateurs confrontés aux multitudes de chiffres et statistiques
assénés par les candidats lors des traditionnels débats.
On comprend mieux, par ailleurs, comment des candidats
auxquels les experts ne prêtent par ailleurs aucunes compétences
économiques, tels que Marine Le Pen, peuvent parvenir au second tour d'une
élection présidentielle...
Le sentiment que les Français ne sont pas bien armés
intellectuellement dans le domaine économique pour faire les choix politiques
qui s'imposent est donc évident et réel. Il semble que les Français
l’admettent. Cela est positif. Ils pourraient ne pas avoir massivement
conscience de leur ignorance.
Pourtant le programme économique d'un candidat s'impose comme
le premier critère de choix électoral des Français interrogés (55 % de
réponses), devant le programme social (49 %), et la philosophie globale de
son programme (45 %).
La personnalité (32 %), le parti auquel il appartient
(29 %) ou le programme écologique (24 %) n'arrivent que bien après
dans les critères pris en considération au moment du choix de vote.
Comment les Français pallient-ils leurs déficits de
connaissance économique ? Comment jugent-ils de la crédibilité relative
des théories économiques ?
Interrogés de manière ouverte sur ce sujet, ils répondent en
premier lieu à partir des exemples concrets, en ramenant les thèses à ce qu'ils
peuvent constater chaque jour dans leur vie quotidienne. Ce qui n’est
évidemment pas un raisonnement pertinent.
Un des leurres de la démocratie consiste à croire qu’au sein
d’un peuple les citoyens sont tous à même d'émettre un jugement rationnel et pertinent.
Or il apparaît que l’ignorance l'économie est une faille majeure dans le débat
démocratique.
Nous sommes en effet loin d'être tous simultanément des
experts en géopolitique, droit, économie, sociologie,... et pourtant, nous
votons. Face à ce constat, certains pourraient plaider pour des solutions
antidémocratiques : changer de système, passer à une République des
experts, revenir à une monarchie éclairée ou une dictature plus ou moins douce.
Il me semble qu’une autre réponse à cette faille démocratique
est plus pertinente, juste et positive. Elle consiste à développer la
pédagogie, et notamment l'enseignement de connaissances économiques de base et
ce tout au long de la vie.
Considérer, en somme, que les connaissances économiques font
partie intégrante d'un socle de citoyenneté, un ensemble de connaissances
indispensables afin d'être un citoyen vraiment acteur de son destin car éclairé
dans ses choix.
L'économie en politique ne doit plus être réduite à la simple
idée de ce que l'on croit en connaître. Elle doit redevenir un choix éclairé,
sur la base des réalités, des contraintes, des possibilités, des enjeux, des
innovations.
L’inculture économique des Français est
accompagnée d’une incompréhension des mécanismes financiers.
Le constat des lacunes est hélas confirmé sondage
après sondage : les Français n’ont pas une culture financière suffisante pour
bien se débrouiller avec les concepts liés à l’argent leur permettant de
prendre des bonnes décisions.
Seulement la moitié d’entre eux est capable par
exemple de dire combien rapportent 100 euros placés à 2 % au bout d’une année !
De même, s’ils sont de gros épargnants, c’est
sans doute parce qu’ils sont frileux car ils n’aiment pas le risque, et du coup
l’allocation de leur épargne n’est pas optimale.
Pourtant, pour préparer la retraite ou financer
les études des enfants, il va falloir de
plus en plus que les familles anticipent et apprennent se poser les
bonnes questions au bon moment.
La France souffre donc d’un problème d'inculture économique. Le problème
n’est pas nouveau mais il est toujours existant.
On l'a constaté par exemple durant la campagne présidentielle
de 2017.
J’ai eu le sentiment que nos concitoyens étaient perméables à
des raisonnements économiques outrancièrement erronés, sans esprit critique.
Force est de constater qu’l y a un manque d'éducation
économique de notre population.
Cette inculture concerne jusqu'aux écrivains et autres
personnalités de l'intelligentsia qui interviennent régulièrement à la
télévision : dès qu'ils parlent d'économie, le propos devient moins
pertinent.
Il est donc nécessaire de former nos concitoyens afin qu’ils
deviennent des « citoyens du monde » qui comprennent les mécanismes
économiques de base.
Il faut aborder des questions concrètes et simples telles
que :
Quelles seraient les conséquences économiques d'une sortie de
l'euro ?
Quels sont les effets directs et indirects d'une relance
budgétaire ?
Les mécanismes de base doivent être assimilés, comme dans les
autres disciplines enseignées. Ensuite, on peut critiquer le système ; pas
avant, pas sans compréhension, pas sans connaissance, pas sans raisonnement,
pas sans fondamentaux, pas n’importe comment
et
Il faut absolument qu'un socle de base soit maîtrisé. Or,
malheureusement, souvent, ce n'est pas le cas.
Il faut procéder à une
évaluation rigoureuse des programmes d’enseignement de l’économie dans
notre pays et les réformer.
Il ne s’agit pas, à mon avis, de déchirer les programmes
existants. On peut s’appuyer sur les acquis et sur les réflexions menées
précédemment. En particulier, le rapport Guesnerie, rapport de 2008 remis à l'ex-ministre
Xavier Darcos qui contenait déjà d'excellentes idées Donc nous disposons déjà d’une
base. Mais il me parait opportun d'améliorer les programmes en s'inspirant des
bonnes pratiques internationales. Répétons le l’élève doit acquérir des bases
solides. Cela n’est pas incompatible avec le souci permanent de motiver et
d'intéresser les élèves. Chaque sujet étudié devra être imprégné du dialogue
entre l'empirique et la théorie mais seulement après que les fondamentaux aient
été acquis. On peut imaginer un aspect pratique, voire ludique dans
l'enseignement de l'économie avec la mise en situation à partir de cas
pratiques ou de jeux de rôles notamment lorsque l'on étudie les interactions
stratégiques.
On est en droit de se poser la question de savoir si il possible de former les lycéens valablement si
l’on consacre seulement 1 h 30 par semaine aux sciences économiques
et sociales en classe de seconde.
Il me semble évident que ce que l'on peut réaliser avec une
aussi courte durée par semaine est relativement limité. Mais déjà on peut
sensibiliser les élèves aux grandes questions et aux tendances historiques de
l'économie. On peut aussi les introduire à certaines notions dont on parle dans
les médias : taux d'intérêt, taux de change, taux de chômage, mesures
d'inégalités, déficits et dette, etc.
Comment s’y prendre ? On peut certes entrer en contact
avec les associations de professeurs de sciences économiques et sociales. Mais
il faut aussi que des acteurs de l’entreprise ou des consultants de différentes
disciplines soient représentés.
Pour construire le modèle d’enseignement du sujet, il faut
prévoir un groupe diversifié apportant des éclairages et des expériences très complémentaires.
On peut espérer que ce groupe élabore un processus constructif à partir de
débats sans tabou et sans a priori, prévoyant un matériel pédagogique adapté,
ayant le souci commun de former des citoyens capables de raisonner par
eux-mêmes et de comprendre le monde dans lequel ils évoluent.
Est-ce que le lycée
apprend l’économie aux Français ou leur
apprend à se méfier de l’économie ? La question est
iconoclaste mais elle mérite d’être
posée. Car de nombreux Français ne
comprennent rien aux réformes et les « politisent » de façon
caricaturale.
L’objectif est de
mieux préparer les élèves à poursuivre des études supérieures, lesquelles
doivent être aussi entièrement revisitées quant aux programmes et méthodes
d’enseignement.
2- Ou sont parmi nos élites des années 2000 les penseurs des transformations, les éclaireurs de l’avenir, les pédagogues du changement face à la troisième révolution industrielle de 1980 ?
Le monde est entré depuis les années 1980 dans la troisième révolution industrielle avec comme intrant la donnée et plus précisément les processus normés etinfo rmatisés.
Les intrants des deux premières révolutions industrielles de 1780 et
1880 étaient la vapeur, l’électricité puis le pétrole.
2- Ou sont parmi nos élites des années 2000 les penseurs des transformations, les éclaireurs de l’avenir, les pédagogues du changement face à la troisième révolution industrielle de 1980 ?
Le monde est entré depuis les années 1980 dans la troisième révolution industrielle avec comme intrant la donnée et plus précisément les processus normés et
Cette troisième révolution industrielle, la France l’a
ratée.
En
fait l'erreur capitale et fondamentale, aussi dramatique que celle du haut
commandement français dans les années 1930 en termes de stratégie militaire, a
été de penser que, alors qu'effectivement nous sortions de la deuxième
révolution industrielle, nous devions sortir du monde industriel.
Les
élites françaises ont pensé que l’on pouvait abandonner le monde industriel au
profit du monde des services.
Elles
n'ont pas compris qu'on entrait dans une troisième révolution industrielle,
qu’on entrait dans l'économie de l'immatériel, de la dématérialisation.
En
fait, le système, qui se dessinait était un système hyper industriel basé sur
la robotisation et doté de systèmes de production hyper capitalistiques.
La
France a fonctionné en sens inverse.
Nous
avons cru aux chimères d'une société postindustrielle et d'un territoire sans
usine.
Nous
avons misé sur une économie de services délaissant aux pays émergeants mais
aussi à l'Allemagne et au Japon le soin de produire les équipements et les
biens de consommation, dont nous avons besoin.
Nous
avons sacrifié la compétitivité sur un modèle de croissance tiré par la
consommation sans se préoccuper des équilibres extérieurs.
C'est
peu dire que la stratégie de la France n’a pas été la bonne.
Il y
a eu un contresens stratégique quasi total sur l’analyse du monde.
Ou sont parmi nos élites les penseurs des transformations en
cours, les éclaireurs de l’avenir, les pédagogues du changement ?
Face à ces retards, ces blocages et ces défis la société civile a un rôle à jouer. L'heure est au changement de logiciel dans la sphère politique.
Nos institutions, inspirées par le Conseil National de la Résistance, ont été rédigées pour servir le précédent modèle économique : l’économie fordiste de la deuxième moitié de la deuxième révolution industrielle : économie de masse : masse de travailleurs de la grande entreprise pyramidale, normalisée, hiérarchisée, optimisée, cadencée par l’organisation scientifique du travail, fabricant des produits standardisés, faisant l’objet d’une consommation de masse sur des marchés grand public.
Il faut bâtir les Institutions permettant l’épanouissement et l’équilibre social du paradigme de l’économie numérique du règne de la donnée à l’ère de la multitude, de l’homme augmenté et de l’entreprise étendue, de l’innovation continue et du développement des territoires.
Face à ces retards, ces blocages et ces défis la société civile a un rôle à jouer. L'heure est au changement de logiciel dans la sphère politique.
Nos institutions, inspirées par le Conseil National de la Résistance, ont été rédigées pour servir le précédent modèle économique : l’économie fordiste de la deuxième moitié de la deuxième révolution industrielle : économie de masse : masse de travailleurs de la grande entreprise pyramidale, normalisée, hiérarchisée, optimisée, cadencée par l’organisation scientifique du travail, fabricant des produits standardisés, faisant l’objet d’une consommation de masse sur des marchés grand public.
Il faut bâtir les Institutions permettant l’épanouissement et l’équilibre social du paradigme de l’économie numérique du règne de la donnée à l’ère de la multitude, de l’homme augmenté et de l’entreprise étendue, de l’innovation continue et du développement des territoires.
Nous assistons au passage de l'ère de la main d'œuvre du XXème à l'ère
du "cerveau d'œuvre" du XXIème siècle.
De ce fait nous entrons dans la vague d'innovation ou
destruction créatrice la plus forte de l'histoire de l'humanité.
Ce qu'on nome " numérique" n'est pas seulement une technologie et encore moins un secteur parmi d'autres. Cetteinfo rmatique
optimisée bouleverse la manière de produire et de consommer. Elle permet un
rapprochement inédit de l'offre et de la demande. Elle transforme
l'intermédiation.
L''homo numericus ne "va «plus seulement sur internet. Il se trouve à l'intérieur de l'écosystème internet. L'action, l'attitude, la place de l'homme siècle sont différentes dans l'économie numérique du XXIème et dans l'économie fordiste du XXème siècle.
L’homme est plonge dans un paradigme nouveau. Ce paradigme impose à l'ensemble de l'économie un changement de fonctionnements, usages et de méthodes. Elles sont directement liées à la mise en réseau des individus.
À terme, toute l'économie serainfo rmatique
et dominée par des entreprises numériques, qui capteront l'essentiel de
la création de valeur ajoutée dans des chaînes de valeur recomposées.
Ce qu'on nome " numérique" n'est pas seulement une technologie et encore moins un secteur parmi d'autres. Cette
L''homo numericus ne "va «plus seulement sur internet. Il se trouve à l'intérieur de l'écosystème internet. L'action, l'attitude, la place de l'homme siècle sont différentes dans l'économie numérique du XXIème et dans l'économie fordiste du XXème siècle.
L’homme est plonge dans un paradigme nouveau. Ce paradigme impose à l'ensemble de l'économie un changement de fonctionnements, usages et de méthodes. Elles sont directement liées à la mise en réseau des individus.
À terme, toute l'économie sera
Il est indispensable de mieux nous préparer à la société du
« tout numérique »
La radicalité des
changements technologiques nous impose de revoir nos systèmes d'éducation. Il
nous faut anticiper l'automatisation du travail afin de ne pas fracturer
davantage nos sociétés.
Notre époque est celle de grands
bouleversements. L'équilibre du pouvoir mondial bascule, le contrat social
propre à la démocratie et aux économies libérales est sous pression, nous sommes
face à une révolution numérique qui change nos modes de vie et de travail.
Selon McKinsey, près de la
moitié du travail humain pourrait être automatisé. De nombreux emplois ne
seront que partiellement automatisés, l'homme cohabitant avec les machines.
D'autres professions seront entièrement supplantées.
Entre 2016 et 2030,
environ 400 millions de travailleurs - 15 % de la main-d'oeuvre
mondiale - pourraient être concernés, pas uniquement ceux dont les tâches sont
routinières et répétitives, mais aussi les professions libérales et les métiers
manuels.
Les avancées technologiques ont un
énorme potentiel.
Le vieillissement de la population
et la baisse des taux de natalité pèsent sur la croissance mais en compensation
la technologie peut stimuler la productivité et la prospérité mondiale.
L'apprentissage automatique et l'intelligence artificielle améliorent notre potentiel à exploiter les données pour
résoudre les problèmes les plus urgents et les plus ardus, comme les maladies
infectieuses et le changement climatique.
Nous assistons à une révolution des compétences
Il est inévitable que les
compétences nécessaires sur le marché du travail changeront considérablement
dans les années à venir. Il faut préparer les étudiants à ce nouvel
environnement.
3- Face aux métamorphoses du monde, les économistes se
montrent impuissants.
Il semble qu’ils doivent
changer radicalement leurs représentations théoriques, anciennes, inefficaces.
Au sortir de la Grande Dépression des années 1930, la
science économique avait inventé Keynes et complètement transformé
l'action publique en ce qui concerne la fiscalité et la monnaie avec Roosevelt.
Après la crise de 2008, d'une ampleur équivalente, quels ont
été les changements du même ordre ? Quelle métamorphose intellectuelle,
institutionnelle et politique a eu lien?
En fait. Rien. Les banques ont été sauvées,. Mais tous les
problèmes restent pendants.
- Le commerce. Donald Trump fait du
libre-échange la cause des malheurs du peuple américain. Tous les pays
excédentaires sont alignés, Chine, Japon, Allemagne.
Les économistes déplorent et
prédisent le pire. Ils ont raison sans doute mais pourquoi ne nous ont-ils pas prévenus que la
mondialisation allait faire tant de
perdants.
Lesquels perdants alimentant les
votes populistes.
Que faut-il faire ? De
l'éducation répondent-ils. Elever le niveau général.
Mais la Chine, l'Inde et le monde
procède de la même manière. Alors où sera notre avantage comparatif ? Et
que faire des gens qui n'ont pas le niveau et ne sont pas capables de
l'avoir ?
Les populistes prennent le pouvoir
à grande vitesse parce que les économistes n'ont pas trouvé comment réformer le
commerce international pour faire moins de dégâts. Les échanges touchent
maintenant les normes et les standards par exemple alimentaires, autrement dit
les styles de vie.
Or les populations des démocraties
occidentales veulent préserver leur
style de vie. Comment faire ? Les économistes n’ont pas de réponse.
-
L'immigration. Les économistes nous disent que la grande question du futur sera
la mobilité. Tout change vite, il faut s'adapter en permanence.
Mais
la migration, n'est-ce pas la mobilité par excellence ?
L’homme
se rend là où il y a des subsistances Il procède de même depuis la nuit des
temps. Au nom de quoi l'interdire soudainement ? Au nom des Etats, disent
les populistes.
Les économistes savent que l'Etat,
forme institutionnelle héritée du XIXe siècle est moins
efficace face aux défis d'aujourd'hui : climat, finance, neurosciences. Et
ce du fait d’une perte de souveraineté et d’un endettement.
Alors quelle est la solution
économique pour éviter que les « perdants » n'en arrivent à voter
pour ceux qui promettent de construire des murs pour se protéger ? Les
économistes n’ont pas de réponse.
- La technologie. La plus faible des réponses des économistes aux
métamorphoses concerne la technologie. Celle-ci bouleverse tout pourtant les
statistiques de productivité ne le constatent pas. Le paradoxe divise la
profession qui a trouvé comment le qualifier, « la stagnation séculaire »,
mais qui ignore tout des voies pour nous en sortir.
- L’intelligence artificielle. Le
vide de réponses concerne aussi ce formidable défi.
N'ayez crainte disent les
économistes, il y aura toujours des emplois.
Tant mieux. Mais lesquels ?
Les emplois très qualifiés et ceux
tout bas de gamme.
Et les autres emplois ?
Réponse imprécise pour la classe moyenne. Or cette dernière concerne la
majorité des gens et leur peur du déclassement les amène à voter populiste.
Les inégalités sont-elles, en conséquence,
vouées à toujours grandir et à creuser l'écart entre une élite et le
peuple ?
Le fond de l'affaire, il me semble,
est que les économistes vivent sur un modèle de référence, l'équilibre général
dynamique stochastique, DSGE en anglais, hérité de lord Keynes.
Il est enseigné aux étudiants de la
discipline. Certes, il a été modifié dans les années 1970 pour répondre à
l'inflation et élargi.
Il faut admettre qu'il ne fait pas
commettre que des erreurs.
Le sauvetage des banques par la
politique monétaire en 2008 a
permis d'éviter les horreurs des années 1930. La crise financière a été
arrêtée.
Mais il est supposé donner la
réponse à tous les niveaux, ménages, entreprises, Etats, à partir de la
rationalité des choix : les gens suivent toujours leur intérêt.
Or, la réalité
« comportementale » est bien plus complexe.
Aujourd'hui le modèle « fonctionne
mal », reconnaît Olivier Blanchard, ancien chef économiste du FMI,
qui est aux avant-postes des essais de reformulation théorique de la science
économique (1). La recherche se fait maintenant vers l'explosion en plusieurs
modèles suivant les objectifs.
Mais les économistes sont très loin
de disposer d'un nouveau corpus théorique en état de marche.
La question du risque, pour la
finance comme pour un ménage, reste mystérieuse. La contagion est nulle puis
soudaine, non linéaire donc, c'est-à-dire difficilement modélisable.
La méthodologie change avec les
data, les données, pour vérifier les hypothèses micro, mais le retour à la
théorie reste à faire parce que le métier d'économiste doit s'ouvrir aux autres
disciplines psychologie par exemple.
Bref, tout est encore très
incertain.
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